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Dossier de la redaction

Origine des patronymes : Ndiaye, Diop, Guèye, Fall, Wade... la véritable histoire des noms sénégalais

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Les patronymes en disent beaucoup sur ceux qui les portent. Et renferment une histoire, un destin et même parfois un vœu. Qu'il soit patrilinéaire ou matrilinéaire, le patronyme est le symbole de notre identité. Cet héritage familial nous rattache à une lignée, à des ancêtres. Et témoigne de notre appartenance à une communauté. Même s'ils n'ont jamais fait l'objet d'aucune loi, ils ont toujours été régis par des coutumes.


Plus couramment appelés nom de famille, le patronyme est dérivé du latin «pater» qui signifie père. Ce qui veut dire qu’on l’hérite exclusivement du père.


Du nom traditionnel, il n'est généralement resté que l’élément qui indique l'ascendance paternelle ou maternelle. C'est le nom patronymique ou encore nom de famille que l'on appelle en wolof "Sant". II est donné d'office dès la naissance et il marque l’intégration de l'enfant au sein de la famille. II n'a pas une signification particulière, mais permet de retracer la généalogie, de remonter dans le passé jusqu'à l’ancêtre fondateur de la lignée. Par ailleurs, on pouvait déterminer, à partir du patronyme, 1'ethnie à laquelle appartenait 1'individu, sa région d'origine, la profession de ses aïeux.


Selon Pape Massène Sène, chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) et conservateur au musée Théodore Monod, «avant que nous en arrivions à une société patrilinéaire, nous étions dans une société matrilinéaire où l’enfant était rattaché à la mère ». Mais avec l’évolution des sociétés, « le vagabondage des hommes et aussi leur domination dans le monde ont fait que les patronymes renvoient aujourd’hui aux pères ».


Pour le chercheur, ce qui est intéressant, c’est comment on le nomme dans nos langues : «Sant», qui signifie en wolof «rendre hommage, remercier quelqu’un». Autrement dit, le patronyme permet de rattacher l’individu à un groupe que l’on appelle famille. C’est une sorte de marqueur identitaire qui permet de savoir que tel individu appartient à tel groupe.


Plus de 200 patronymes recensés


Plus de 200 patronymes ont été recensés aujourd'hui. Les recherches attestent qu’ils en existaient plus de 500. Si certains ont disparu, d'autres ont étonnement résisté au temps. Les wolofs, qui forment 43,3% de la population reste l'ethnie dominante au Sénégal. Et sont présents dans l'ouest du pays (Cayor, Baol, Ndiambour, Saloum, Walo). Ils portent souvent les patronymes Ndiaye, Diop, Fall, Diagne, Dièye, Guèye, Mbaye, Mbengue, Thiam, Dieng, Mbacké, Bèye, Ndao, Wade, Mbodj, Lèye, Diaw, Niang, Niasse, Pène, Kassé, Mboup... Ce sont plus d’une centaine de noms qui ont été répertoriés comme appartenant à l'ethnie wolof.


Mais, aujourd'hui, les noms sont de moins en moins indicateurs de la situation familiale à cause du brassage, du métissage des différentes ethnies. Il est, en effet, difficile aujourd'hui de connaitre l'origine d'une personne à partir de son nom de famille simplement. Les patronymes peuvent aussi être portés par des gens d'ethnies, de groupe social ou de classe différents. Un Diop, Ndiaye ou Seck, pour exemple, apparemment d'ethnie wolof peut-être un sérère, hal pular voire même appartenir à une autre origine sociale au sein de ces ethnies. On retrouve des Ndiaye en même temps chez les Wolofs, les Sérères, les Soninkés, des Diao chez les Wolofs, les Toucouleurs, les Peuls. Pour mieux illustrer ces exemples, un dicton Wolof dit : "Sant Deukoul Fenn"(un patronyme n'a pas de domicile fixe.


Mbacké, Laye, Keïta..., des patronymes unificateurs


Pour le professeur Massamba Guèye, chercheur et conteur, l'explication est assez simple. Autrefois, "il y a eu des démissions au niveau patronymique. On peut par exemple renoncer au nom de son père pour prendre celui de sa mère." Mais, ce n'est pas tout. Le chercheur avance aussi comme explication les migrations, qui seraient l'une des principales causes de ce métissage patronymique. "Durant les périodes de guerres, les prisonniers étaient affectés à des familles et par la suite prenaient le nom de la famille, souligne-t-il. Mais, dès lors que vous recouvrez la liberté vous retrouvez votre classe sociale d’origine. Souvent, il y avait des noms cachés. Il y avait des personnes qui avaient tellement séjourné comme esclave dans la famille du roi qu’elles finissaient par prendre son nom". C'est pourquoi, l'on retrouve parfois le même patronyme porté par plus de dix mille personnes dans une même contrée. Et autrefois, dans le souci d'unifier et de mettre toutes les communautés sur un même piédestal, certains ont créé des patronymes unificateurs comme Mbacké, Laye ou encore Keïta. "Par exemple, Soundjata a été le premier à porter le patronyme Keïta. Après avoir conquis l'empire du Mandé, il a créé ce nom de famille dans le but d'unifier toutes les autres communautés. Il en fut de même pour Mbacké qui a été créé par la communauté mouride ou encore Laye par la communauté layenne. Et c'est ainsi que certains ont perdu leurs noms de famille originels. Et sur plusieurs siècles, on peut aisément penser que des noms qui ont existé aient disparu", explique le professeur et conservateur du musée Théodore Monod, Pape Massène Sène.


Quand l’origine des noms dément les complexes de caste


Pour beaucoup, c'est une évidence. Les métiers et les arts seraient une source de patronyme, de même que la lignée des rois et des nobles. Ce qui dès lors classerait les uns et les autres dans tel ou tel autre caste. Ce que réfute le professeur Massamba Guèye. Car, pour lui, le mot caste suppose une certaine exclusion de la société. Pour le conteur et ancien Directeur du théâtre national Daniel Sorano, ce qui a existé ce sont des corporations de travail. " Il fut un temps où les rois quand ils faisaient leur tournée prenaient toutes les vierges et couchaient avec elles. Il fut également un temps où les Français exerçaient le droit de cuissage sur les plus belles vierges et quand les enfants naissaient on ne savait pas qui en était le père. Quand une société a vécu ce genre d’événements très compliqués, il faut qu’elle soit très prudente. Et qu'on arrête de se bomber la poitrine pour dire que l'on appartient à telle ou telle autre lignée", avertit-il. Issu d'une famille détentrice de l'histoire du Sénégal, il préfère taire certains pans de l'histoire des généalogies familiales, au risque de causer plus de mal que de bien. "Il faut arrêter cette question de supériorité, tranche-t-il. Il n’y a pas une lignée supérieure à une autre. Dans la société toucouleur, lorsqu’on se rendra compte que Bayloo, Thioubalo et Torodo étaient des noms de personnes et qu’ils avaient le même père et la même mère à la base, on se rendra compte qu’il n’y a pas de lignée supérieure. Ce ne sont pas des noms de castes, mais des noms de personnes qui se sont mus en noms de lignées. Ils appartenaient au même groupe social, vous pouvez retrouver les travaux des africanistes dans les laboratoires de l'Ifan pour en avoir les preuves". Et d'expliquer: "Le danger c’est que Hitler avait commencé ainsi, relève-t-il. Dans toute société, il y a des classes, mais ce ne sont pas des castes. C’est comme aujourd'hui, il y a des élèves et des professeurs, ceux qui habitent aux Almadies et les autres à Guédiawaye". Autrefois, la société possédait des mécanismes d'effacement de mépris. "Lorsqu'on partageait la case de l'homme, on devenait tous frères, note-t-il. Ainsi, on faisait disparaitre ces disparités". De nos jours également, explique le professeur de français, la carte d'identité a fait disparaitre ces questions. "On ne se pose plus de questions sur l'origine du médecin qui nous soigne, du chauffeur de taxi qui nous conduit ou du professeur qui nous apprend", dit-il. Selon lui, le phénomène des «Guer» d'un côté ou de «Guéweul» d'un autre, tend à disparaitre. Le mariage reste aujourd'hui le seul lien de transmission des valeurs. Mais, certains sont prêts à tout pour conserver ce mythe de «noble» (yakh bou rey, comme on l'appelle communément en wolof). Au risque de faire fi de toutes les considérations historiques et sociologiques.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Tam

    En Avril, 2021 (14:01 PM)
    This is the most useless article ever. You have taken Seereer, Toucouleur and Fula surnames and call them Wolof! Are you serious? The Wolof say "santa dekut fene" because there is no such thing as a Wolof ethnic group. Wolof is a culture, not an ethnic group. That was your first fail.
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  2. Auteur

    Gueyemaciré

    En Mars, 2023 (10:32 AM)
    Il existe des noms de famille communs aux Wolofs, Sérères et Pulaar:   Ndiaye, Diop, Guèye, Seck, Sarr, Ndao, Dieng....
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